Jour 209 : C'est décidement vraiment long (PART II)

Vous vouliez encore plus de texte ? Plus de mots ? Et bien en voilà plus qu'il n'en faut (nan sérieux, bien bien plus qu'il n'en faut et j'en suis désolée) pour la seconde partie de ce post.

Allez zou on y va :
"Mais alors bon Dieu depuis le temps qu'on veut savoir, ÇA FAIT QUOI DE VIVRE EN ALLEMAGNE ?".


Au premier abord, je dois avouer que ça fait pas grand chose. Il me faut pratiquement moins de temps pour aller à Paris d'ici que quand je vivais à Toulouse. Et comme c'est un pays limitrophe, ben forcément y a pas de différence énorme. Au final quand on arrive en Allemagne - une fois qu'on s'est fait à un environnement dans une langue qu'on ne connait pas - il n'y a pas un millier d'habitudes à changer, on se fait vite aux coutumes et on n'est pas vraiment dépaysé. Mais moi ce que j'aime ce sont les DETAILS. Et les différences qui existent entre nos deux pays et qui font que vivre ici c'est tout de même très intéressant résident dans les détails.

Comment les allemands voient l'Europe.


Alors bien sûr, nous parlons de l'Allemagne, donc commençons par parler discipline. Parce que ça oui, c'est nouveau pour moi et mes habitudes typiquement méditerranéennes. La discipline en Allemagne, ça n'est pas qu'un cliché et souvent c'est tant mieux. Ici les gens attendent que le petit bonhomme soit vert pour traverser. Et ils attendent vraiment, sans se plaindre, sans stresser, et surtout pas sur la piste cyclable parce qu'ouh la laa il faudrait pas gêner les petits vélos.
De façon générale, l'Allemand est courtois, et très poli. Si quand vous faites les courses la personne devant vous a un cadis rempli et vous n'être là que pour votre bouteille de lait pas de soucis : elle vous laissera passer sans même que vous ayez à le demander. Ici on ne double pas dans les files d'attente, on ne klaxone pas, on peut traverser la route sans regarder parce que de tout façon la première voiture qui arrive vous aurait laissé passer.
Et ici (Ô joie, Ô bonheur) cette discipline fait que toutes les bureaucratie/paperasserie/merderie-de-papiers-à-la-con est bien faite, et surtout vite. Alors oui, il y a probablement plus de règles que chez nous, mais au moins elles sont appliquées efficacement. S'inscrire à la fac ? Un jeu d'enfant. Signer un bail, ouvrir un compte en banque, s'inscrire à l'office de l'immigration ? Les doigts dans le nez, et dans une seule journée. Et en plus si quelque chose est fait avec un peu de retard, on a droit à de sincères excuses et un sourire.

J'ai discuté recemment avec mon prof de saxophone qui a vécu en France et en Italie pendant quelques temps, et qui m'a dit qu'il avait trouvé très curieuse l'expression "c'est plus fort que moi". Il m'a dit que c'était vraiment une des plus belles phrases qu'il ait entendu et il a trouvé génial qu'on puisse parfois excuser notre comportement simplement derrière le fait qu'on est humain. Moi je trouve surtout dommage que cette expression soit souvent utilisée à tort. En Allemagne, chacun est responsable de ses actes. Celui qui fait une connerie ne se cachera pas derrière un "mais j'ai pas pu faire autrement, c'était plus fort que moi", il assumera complètement.
Et le pire dans tout ça, c'est qu'ils en sont contents. On s'entend hein, parce que l'Allemand se plaint beaucoup (presque autant que la Marion), mais une des premières phrases que j'ai eu ici était "mais c'est vrai qu'en France vous faites grève tout le temps ?". "Ben oui". "Mais... pourquoi ?". "Euuuuh... parce qu'on n'est pas contents ?". "Ah. Et c'est une raison suffisante pour arrêter de travailler ?".

Ça fait probablement partie des raisons qui font qu'on trouve souvent l'Allemand froid et distant. Et ça, je trouve que c'est vrai. Mais dans le bon sens du terme : ici, pas d'hypocrisie.
Apprendre à connaitre un allemand, c'est long. Quand je suis arrivée, j'ai trouvé très difficile de ne connaitre personne, vraiment beaucoup plus difficile qu'à Toulouse quand je me retrouve quelque part sans connaitre quelqu'un. Mais une fois qu'on a la chance d'être appelé "ami" en Allemagne, ça a un sens et ça représente sincèrement quelque chose.

Mais je dois avouer que cette froideur du début a un énorme désavantage au quotidien : celui de se demander en permanance comment est-ce qu'on doit dire bonjour aux gens. Non sans rire, c'est ultra compliqué. Ici, ils se serrent la main. Bien. MAIS quand ils commencent à se connaitre, il se font des câlins, dans l'genre "et vient dans mes bras ma poule qu'j'suis content de te voir". Sauf que moi j'y comprends rien : c'est quand qu'on estime qu'on se connait assez pour ça ? La définition varie pour chaque personne. Honnêtement c'est super bizarre, et je crois que même eux ne savent pas trop. Alors j'attends généralement de voir ce qui se passe (c'est à dire rien pour le coup la plupart du temps).

D'un autre côté, les allemands sont aussi très ouverts. Beaucoup plus que nous. Une femme au pouvoir, le mariage gay autorisé, le droit de s'exprimer pour chaque groupe politique ou religieux, ... Je ne compte plus les exemples qui me montrent tous les jours que les allemands ont une ouverture d'esprit à toute épreuve.

Cette photo n'est pas de moi, mais enfin elle montre bien 
qu'ici on sait rire de la politique, même pendant le carnaval.


Ensuite, en tant que fille, il faut avouer que vivre en Allemagne a un certain avantage : on se sent mince, petite, et avec des petits pieds. Je m'explique : ici, toutes les filles sont grandes. Vraiment grandes. Les hommes aussi d'ailleurs. Avec mon 1m70, les gens rigolent et me disent que je suis trop mignonne à être si petite. Ce qui fait que les tailles dans les magasins ne sont pas les mêmes ! Elles sont de une à deux tailles inférieures aux tailles françaises. A moi les petits 34 ! Et c'est pareil pour les chaussures : vive le 38 au lieu de mon habituel 40 qui me donne l'impression de pouvoir marcher sur l'eau.



Un autre petit détail qui change le quotidien : les poubelles. Chez moi il y en a quatre : le papier, les emballages en plastique, le compost, et... le reste. Et c'est pareil partout : à la fac, dans les gares, dans la rue, ... Un vrai casse-tête ! D'autant plus qu'ici, tout est consigné. Quand on achète des bouteilles en verre, il faut les ramener au magasin une fois vides pour récupérer des sous. Pareil à la cafet : on boit son café, et une fois fini on ramène la tasse dans une machine spéciale.

De gauche à droite : Le plastique,
le papier et le reste. C'est ma poubelle au travail.

Quand on a fini de boire on met sa bouteille en plastique en (1)
ou sa tasse en (2) et on récupère un petit ticket en (3). 
Ce ticket est un avoir pour la caféteria.


Et voilà une sacré différence visuelle : ici, les pubs pour les cigarettes sont autorisées. Et il y en a partout dans la rue, à la télé, au ciné, ... Et bizarrement, même si elles coûtent un peu moins cher qu'en France et qu'il est encore possible de fumer dans certains bars, il y a en Allemagne beaucoup moins de fumeurs que chez nous.


Et puis le meilleur pour la fin : parlons peu, parlons bière. Oooh oui. Ça non plus ça n'est pas qu'un cliché. Vous l'avez d'ailleurs vu dans un de mes posts précédents, la bière il en existe de toutes les sortes et pour tous les goûts. Les rayons bières - même dans les supérettes - sont immense. Mais ce qui est surtout génial, c'est le prix (et il faut l'avouer, de l'alcool en général). En bavière la bière coûte très peu cher parce qu'ils n'ont pas beaucoup de taxes à payer. Alors oui je sais - et je m'excuse auprès de tous les gens qui me rendent visite - je me suis trompée de région. Mais qu'on se rassure, c'est quand même peu cher partout.


Etat des lieux des prix pour un demi (0.25L) dans un bar :
Paris --> 4.50 euros
Toulouse --> 3 euros
Bielefeld --> 2.50 euros (pourboire inclus, le prix affiché est de 2.20 euros)
Bavière --> 1.90 euros (pourboire inclus, le prix affiché est de 1.70 euros)

Et ça, je vous jure que ça change la vie. Par exemple la dernière fois je suis allée à une soirée, et j'ai remboursé de 15euros une amie qui avait payé pour moi les 13.5euros d'entrée. Et quand j'ai dit "bah, c'est qu'1.50 euros garde les" elle m'a dit "ah non non, c'est presque une bière !". C'est pas beau ça comme unité de mesure ?


Ah, y a quand même apparement un "petit" inconvénient à vivre en Allemagne (fallait bien que j'en trouve un) mais je ne suis pas allée vérifier.

4 commentaires:

  1. J'aime beaucoup cet article ^^ (j'aime les longs articles, avec pleins de trucs intéressants dedans !)
    En fait, pour la politesse et le respect... je me demande si ce n'est pas juste que en France on est vraiment des gros malpolis irrespectueux parce que c'est LE truc qui marque tout le monde quand on vit à l'étranger (toi en Allemagne, moi au Japon, une amie au Québec...)

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    1. Eh bien, figure-toi qu'il y a même des livres là-dessus. Ecrits par des étrangers vivant en France. :-) C'est une réalité effectivement. Les Français, ils ne sont pas méchants, c'est pas ça (du tout). Mais ils ont une façon de se traiter mutuellement avec un manque de respect tout à fait incompréhensible pour toute personne étrangère. Le plus étonnant, c'est l'écart entre d'un côté la valorisation de la forme (vêtements, formules de politesse précieuses et parfois démodées) et de l'autre une grossièreté et un manque de patience flagrant. Ya rien de tel que le voyage pour apprendre! :-)

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  2. J'ai le même problème que toi pour saluer les gens ! En plus, je vis dans un environnement très international en raison de mon boulot ça complique encore plus(je connais très peu d'allemands, des fois je me dis que dans une ville moins grande que Berlin ce serait plus facile).

    Sinon, pour le dernier point, les 2 spécimens que j'ai testé étaient corrects ;-)

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  3. D'une manière générale, on peut dire que dans le sud, les gens sont plus "touche-touche". Plus on va vers le nord, plus ils sont réservés. Les nordistes ne savent pas comment interpréter le comportement des sudistes et vice-versa. Il m'est arrivé de faire la bise en guise de bonjour à des femmes en allemagne et à mon grand étonnement ça les déstabilisait complètement. Au point de rougir. Inversément, un Français ou un Belge verra presque comme insultant le fait que quelqu'un qu'ils rencontrent en privé leur tende "froidement" la main. D'après mon expérience, une fois qu'on a noué des contacts réguliers avec des allemands, ils peuvent être très chaleureux. En général ça se traduit moins par des bises, mais plutôt par des grosses étreintes sincères. Pour ce qui est du "moment" à partir duquel on passe d'un truc à l'autre, je crois que c'est simplement la sympathie qui en décide. Ou alors la proximité, p.ex. en famille. Contrairement aux francophones qui se font la bise même s'ils se détestent, les allemands réservent le traitement chaleureux aux vrais amis (à moins qu'ils soient calculateurs). Ca, il faut le savoir. Ca explique aussi la réaction étonnée d'un 'nordiste' quand un 'sudiste' lui tombe dessus avec des bises (ça vaut aussi pour les anglais). Un mec croira que la fille le drague ou qu'elle est déséquilibrée. Une femme se sentira envahie par un homme, éventuellement même pas respectée. Je dirais que la règle de base, c'est: être (physiquement) distant au début, puis si au bout de quelques rencontres, le courant passe bien, passer au registre plus "intime".
    Je voyage entre plusieurs cultures et je connais le problème. Entre 1,2,3 ou 4 bises, la main tendue, les étreintes, tous les malentendus sont possibles, et ça m'arrive tout le temps. C'est pas grave. ;-)

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